DIMANCHE 2 FÉVRIER – 18 H
Lecture par HÉLÈNE ALEXANDRIDIS & FRANCINE BERGÉ
« Tu ne sais plus qui tu es, qui tu as été, tu sais que tu as joué, tu ne sais plus ce que tu as joué, ce que tu joues, tu joues, tu sais que tu dois jouer, tu ne sais plus quoi, tu joues. Ni quels sont tes rôles, ni quels sont tes enfants vivants ou morts. Ni quels sont les lieux, les scènes, les capitales, les continents où tu as crié la passion des amants. Sauf que la salle a payé et qu’on lui doit le spectacle.
Tu es la comédienne de théâtre, la splendeur de l’âge du monde, son accomplissement, l’immensité de sa dernière délivrance.
Tu as tout oublié sauf Savannah, Savannah Bay.
Savannah Bay c’est toi. »
Marguerite Duras
Savannah Bay, Les Éditions de Minuit, Paris, 1982
Entrée libre, sur réservation : info@ecritsetdialogues.fr
places invalidité sur réservation : 02 47 38 67 62
Née à Neuilly-sur-Seine, FRANCINE BERGÉ baigne depuis toute petite dans le milieu artistique. Ainsi, elle et sa sœur Colette pratiquent très tôt la danse classique via des cours donnés par leur père. Elle poursuit avec une initiation à l’art dramatique et c’est le déclic : Francine veut devenir actrice. Elle joue ainsi dans de nombreuses pièces de théâtre et entre au prestigieux Conservatoire, dont elle sort diplômée en 1959.
La jeune actrice fait ses premiers pas au cinéma en 1956 dans Elena et les Hommes mis en scène par Jean Renoir. Mais c’est cinq ans plus tard qu’elle obtient son premier rôle important, dans Les Abysses de Nikos Papatakis, aux côtés de sa sœur. Elles interprètent deux bonnes travaillant pour un viticulteur qui, parce qu’elles ne sont plus payées depuis des mois, se révoltent de manière très violente contre lui.
On la voit ensuite sous la houlette de prestigieux réalisateurs. Elle joue ainsi dans Judex de Georges Franju, La Ronde de Roger Vadim, La Religieuse de Jacques Rivette, Catherine, il suffit d’un amour de Bernard Borderie, Paulina 1880 de Jean-Louis Bertuccelli, Monsieur Klein de Joseph Losey, Une histoire simple de Claude Sautet ou encore La Vie est un roman d’Alain Resnais.
A partir des années 1990, Francine Bergé tourne moins au cinéma, même si on peut la voir en second rôle dans le policier Un crime, les drames Le Septième Ciel et Confort Moderne, le portrait d’un homme dépressif dans Kennedy et moi, le thriller horrifique Les Rivières pourpres et le thriller de science-fiction À ton image. En 2023, elle effectue sa dernière prestation cinéma dans Le Grand Chariot de Philippe Garrel.
En parallèle, Francine s’illustre au théâtre avec une cadence impressionnante, comme en témoignent ses rôles dans des pièces écrites par de grands dramaturges classiques, comme Shakespeare, Molière, Beaumarchais, Racine et Dumas. Elle reçoit d’ailleurs plusieurs récompenses pour sa carrière sur scène, comme des nominations au Molière et le Brigadier d’Honneur pour L’Échange de Paul Claudel.
Active sur les planches et au cinéma, la native de Neuilly-sur-Seine joue aussi à la télévision dans des séries et ce surtout à partir des années 2000. On la voit ainsi dans Les Enquêtes d’Éloïse Rome, Clara Sheller et Plus belle la vie. Dans cette dernière, elle campe Lydie de la Perthuis le temps de 17 épisodes, une personnalité très influente propriétaire de 80 appartements qu’elle met en location.
En 2023, Nicolas Bedos lui offre l’un des rôles principaux de sa série Alphonse, pour Amazon Prime Video, dans laquelle Jean Dujardin incarne un quadragénaire en pleine déroute professionnelle et conjugale qui devient gigolo et croise la route de femmes plus passionnantes et excentriques les unes que les autres. Cette même année, elle joue dans la pièce La Brève liaison de maman de Richard Greenberg.
HÉLÈNE ALEXANDRIDIS s’est formée au Conservatoire national d’art dramatique dans les classes de Robert Manuel et Claude Régy, elle travaille sous la direction de Roger Planchon, Claude Régy, Jacques Lassalle, Jean-Pierre Vincent, Alain Françon, Jean-Michel Rabeux, Joël Jouanneau, Jacques Vincey, Marc Paquien, Claudia Stavisky…..
À partir de 1984, elle travaille notamment au Théàtre National Populaire de Villeurbanne avec Roger Planchon (Où boivent les vaches de Roland Dubillard), à la Comédie-Française avec Jean-Pierre Vincent (Les Corbeaux de Henry Becque) et avec Claude Régy (Ivanov), metteur en scène qu’elle retrouve plusieurs fois (Intérieur de Maurice Maeterlinck, Le Cerceau de Viktor Slavkine, La Terrible Voix de Satan de Grégory Motton). Par la suite, ce sera le Festival d’Avignon avec Jacques Nichet pour La prochaine fois que je viendrai au monde. Elle travaille ensuite avec Alain Françon qu’elle retrouve deux fois (Britannicus puis Platonov). Son parcours à travers les écritures contemporaines (T. Bernhard, M. Crimp, S.Valetti, J.L. Lagarce, J.Genet, Barillet et Gredy, etc.) est aussi vaste que son travail au sein du répertoire (Musset, Goldoni, Marivaux, Gorki, Dostoïevski, Horvath, Balzac…).
En 2004, elle reçoit le prix de la critique pour son interprétation dans Derniers remords avant l’oubli de Jean-Luc Lagarce mis en scène par Jean-Pierre Vincent et pour La Mère de Stanislaw Ignacy Witkiewicz mis en scène par Marc Paquien.
Elle incarne Madame de Sade de Yukio Mishima mis en scène par Jacques Vincey, rôle pour lequel elle est nommée aux Molières 2009.
Elle joue ensuite dans Les Bonnes de Jean Genet dans une mise en scène de Jacques Vincey, Mort d’un commis voyageur d’Arthur Miller mis en scène par Claudia Stavisky, Yerma de Federico García Lorca mis en scène par Daniel San Pedro. Elle retrouve Jacques Vincey pour sa mise en scène de Yvonne, princesse de Bourgogne, de Witold Gombrowicz, puis joue dans La vie que je t’ai donnée de Luigi Pirandello mis en scène par Jean Liermier, et dans L’Or et la paille de Barillet et Gredy mis en scène par Jeanne Herry, ainsi que dans Tarkovski mis en scène par Simon Deletang. On la retrouve également dans Vivre sa vie, d’après le scénario de Jean-Luc Godard mis en scène par Charles Berling, ainsi que dans Berlin, mon amour de Marie NDiaye mis en scène par Stanislas Nordey. Au cinéma, elle travaille entre autres sous la direction d’Alain Cavalier (Thérèse), de Stéphane Brizé (Je ne suis pas là pour être aimé), de Pascale Ferran (Lady Chatterley), Guillaume Nicloux (La Clé, puis La Reine des connes), Valérie Lemercier (100% cachemire), Katell Quillévéré (Suzanne), Jeanne Herry (Elle l’adore), Michel Gondry (Microbe et gasoil)…
À la télévision, elle a tourné, notamment, sous la direction de Stéphanie Chuat et Véronique Reymond (À livre ouvert), Olivier Schatzky (Monsieur Paul), ou Jeanne Herry (Dix pour cent)